Assis ou debout ? La position adoptée par les hommes lors de la miction, l’action d’uriner, diffère selon les préférences personnelles. Mais la position assise serait finalement la plus bénéfique.Si ces habitudes relèvent de la préférence personnelle, il existe aussi des différences en fonction des zones géographiques. YouGov, institut de sondage britannique, publiait en 2023 une étude réalisée dans 13 pays (sans la Belgique) sur les préférences des hommes en matière d’urine à l’échelle internationale.Parmi les hommes interrogés, les Mexicains sont les plus susceptibles de ne jamais s’asseoir pour faire pipi, soit 36%. A l’inverse, en haut du tableau, ce sont les Allemands qui s’assoient davantage pour uriner : 40% d’entre eux déclarent le faire à chaque fois, et 22% le font la plupart du temps. En Allemagne, il existe d’ailleurs un mot, Sitzpinkler, pour qualifier littéralement les hommes qui urinent assis, tant la pratique est ancrée dans les modes de vie. La France, quant à elle, se place au milieu du classement, avec 19% des hommes qui affirment s’asseoir à chaque fois, contre 30% d’entre eux qui ne le font jamais.Des avantages sanitairesTout d’abord, s’asseoir pour se soulager semble offrir des bénéfices pour la santé, comme l’ont démontré plusieurs études scientifiques. En 2014, des urologues néerlandais ont par exemple réalisé une étude concernant l’influence de la position du corps pendant la miction. L’enquête visait un public particulier, les hommes souffrant d’hypertrophie de la prostate (affection caractérisée par une diminution du débit urinaire). Leurs conclusions indiquent cependant que la position assise présente un « profil urodynamique plus favorable », permettant à la vessie de se vider plus rapidement et plus complètement, et ce, pour tous les hommes.Alexis, 31 ans, est un adepte de la position assise. « Je fais pipi assis depuis 2-3 ans. J’ai commencé par souci de confort, c’est plus agréable et je crois que c’est mieux pour la prostate. Puis, c’est aussi une histoire de respect, je risque moins de salir mon environnement en étant assis et nous les mecs, on a tendance à croire qu’on maîtrise nos trajectoires… On sait bien que ce n’est pas toujours le cas. Depuis que je vis en couple, ça ne me viendrait plus à l’idée d’uriner debout », explique le jeune homme.Eclaboussures d’urineAu-delà des considérations sanitaires, la posture adoptée pour uriner revêt aussi une importance capitale en termes d’hygiène. Tadd Truscott, un professeur d’ingénierie mécanique, avait l’objectif d’étudier les jets d’urine lors des mictions en position debout. Il a donc conçu un simulateur d’urinoir pour analyser les éclaboussures et leurs conséquences hygiéniques. Ses conclusions sont résumées en une seule phrase, pour le moins directe : « Si vos toilettes sont situées dans votre salle de bains, veillez à ce que votre brosse à dents se trouve à plus de trois mètres de la cuvette. »Interrogé par le Guardian, Tadd Truscott partage les informations suivantes concernant l’urine de toute personne pourvue d’un pénis : « Un jet sort, mais après 7 à 15 cm, il commence à se décomposer en gouttelettes, et c’est de là que vient la plupart des problèmes. Les gouttelettes commencent à s’entrechoquer, puis on obtient ce que l’on appelle des gouttelettes satellites qui s’éclaboussent sous de très grands angles et c’est ce qui fait qu’elles atterrissent sur votre brosse à dents ». Enjeu de santé publiqueSi cette étude cocasse prête à sourire, les conclusions de Tadd Trucott témoignent pourtant d’un enjeu de santé publique, notamment dans les toilettes des espaces partagés (bars, restaurants, aéroports). Si l’urine est a priori stérile puisqu’elle sort de la vessie, d’autres bactéries qui habitent les cuvettes des toilettes peuvent être propulsées en même temps que les mini-gouttelettes. Le chercheur parle de restes d’excréments, comportant notamment des risques de propagation de la bactérie E coli.Du côté d’Alexis, qui urine donc habituellement assis, c’est uniquement l’état de propreté des toilettes qui peut désormais le faire changer d’avis. « Quand je vois l’état de certaines toilettes, je ne pourrais jamais m’y asseoir. C’est là que je me rends bien compte du privilège qu’ont les hommes de pouvoir uriner debout… Même si c’est alors un cercle sans fin. »