La commune de Buyengero est l’une des communes de la province Rumonge qui concentre les apiculteurs de renom national. Durant notre séjour sur le littoral du Lac Tanganyika à 70 km de la capitale économique, nous avons eu l’occasion d’échanger avec Muda Eliezer sur l’élevage des abeilles qui est une véritable source de revenus pour ceux qui s’y consacrent. Notre interlocuteur est originaire de la colline Muyama, commune Buyengero, province de Rumonge. Il partage son expérience en apiculture. Cet octogénaire et pasteur à l’Eglise Pentecôte de BIGOTI a fait de l’apiculture une passion, un mode de vie. Il fait savoir qu’une seule ruche peut produire jusqu’à 30 kg de miel dans les conditions optimales.Le métier qu’il a hérité de son père le fascine depuis son enfance. Muda gère actuellement plus de 20 ruches modernes. Auparavant, son troupeau était évalué à 120 ruches. Bien que certains disent qu’il est nécessaire d’introduire des herbes odorantes (urwoso) dans la ruche pour attirer les abeilles, cet apiculteur chevronné confie qu’il n’a jamais fait recours à ce genre de pratiques. Il révèle que l’apiculture relève d’un processus tout à fait naturel qui n’a rien à voir avec ces croyances de prétendants initiés. Pour preuve, vous trouverez des colonies d’abeilles dans les roches, sous les arbres ou dans les pylônes. Cet apiculteur affirme ne recourir à aucune autre pratique pour attirer les abeilles dans ses ruches.En une année, les activités apicoles lui rapportent assez de revenus pour subvenir aux besoins de la famille. C’est grâce à l’apiculture qu’il a pu encadrer et éduquer ses 12 enfants. Muda souligne avec conviction que l’apiculture peut véritablement permettre à une personne de mener une vie décente.La pression démographique, un frein à l’apicultureLa croissance démographique pousse de plus en plus de personnes à exploiter les aires forestières à des fins agricoles. Cependant, la diminution des forêts a un impact négatif sur les rendements de l’apiculture. Muda avance que les abeilles se retrouvent en difficulté, manquant de fleurs essentielles à la récolte de pollen. Il insiste sur l’importance de planter des fleurs cohabitant avec les cultures afin d’assurer une source de pollen suffisante pour ces pollinisateurs indispensables.Les mois propices à la récolte du miel
Muda a identifié les mois propices à la récolte du miel qui s’étendent de mai à juillet ainsi que de septembre à décembre. Ces périodes correspondent à une production exceptionnelle due à la floraison printanière qui offre aux abeilles une riche diversité de fleurs et par les premières pluies de septembre essentielles pour procurer des ressources nutritives.Pour déterminer la présence du miel, il suffit d’observer le comportement des abeilles et le niveau du miel dans les ruches. Un signe révélateur d’une bonne récolte est l’agitation des abeilles et leur agressivité. Sur une année, les apiculteurs peuvent espérer deux pics de récoltes : la première intervient entre mai et juillet et la seconde entre septembre et décembre.Comment préparer un miel de qualité ?Lors de la récolte du miel également appelée « Guhakura », un apiculteur doit mettre son kit de protection. Il s’agit d’une combinaison spécialement conçue pour cette tâche lui offrant une protection contre les piqûres d’abeilles, a précisé Muda avec un bienveillant sourire. Le processus débute par la combustion de la bouse sèche de vache disposée près de la ruche. La fumée dégagée éloigne les abeilles qui laissent leurs alvéoles bien garnis. Ainsi, l’apiculteur en profite pour ramasser son butin. Une fois les plaques récoltées, il est nécessaire d’utiliser un tamis placé au-dessus d’un récipient propre pour laisser couler le miel de lui-même. Ce processus permet d’obtenir un miel pur prêt pour le conditionnement dans des bidons en vue de sa commercialisation.Muda indique qu’un kilo de miel s’achète à 15 000 FBu. Il souligne que la couleur du miel, qu’elle soit noire ou jaunâtre, est influencée par le processus de filtration appliquée et sa provenance. Un miel filtré à l’aide d’une marmite se pare d’une teinte sombre tandis qu’une filtration à l’aide d’un bassin ou d’un récipient propre lui confère une couleur jaune pâle.Enfin, Muda précise que la qualité du miel pur s’améliore avec le temps. Plus le produit vieillit, meilleure est sa qualité. En revanche, si le miel n’est pas pur, il voit sa qualité se dégrader progressivement.Les différents types d’abeilles, un écosystème riche en rôlesDans le monde fascinant des abeilles, chaque espèce joue un rôle crucial au sein de la colonie, comme l’a souligné Muda. La reine ou « umwamikazi/umwiru » occupe une fonction primordiale, celle de la ponte des œufs. Les faux-bourdons connus sous le nom de « mpingwe » ont pour mission de féconder la reine tandis que les ouvrières, véritables bâtisseuses de la ruche s’attachent à diverses tâches tout au long de leur vie.Muda a également mis en lumière la diversité des abeilles selon leur couleur. Les abeilles noires se distinguent par leur capacité exceptionnelle à récolter le nectar en grande quantité. Par contre, les « mpingwe » ne contribuent pas à la production du miel. Par ailleurs, une abeille qui attaque un individu ne retourne généralement pas à sa ruche. Les abeilles peuvent également tomber malades mais, avoue-t-il, ne pas connaître les médicaments appropriés pour les traiter.Il a enfin précisé que dans les ruches modernes, la production du miel est significativement supérieure par rapport aux méthodes traditionnelles.